Interview : BladeLF
Nom de Code : Portal
C'est parti pour l'interview numéro 11 dans le style Vavan. Nous accueillons aujourd'hui BladeLF ! Faites du bruit !
Andriana : Bonjour BladeLF, peux-tu nous dire comment tu as commencé Magic ?
BladeLF : Avec mon frère et mon père lorsque ce dernier nous a offert une boite cadeau "Portal". J'ai très vite accroché et j'ai converti un copain d'enfance qui fut mon "Magic Partner" toute mon adolescence.
Mes premiers boosters : Cycle d'Urza et Prophétie.
A : Quelle a été ta progression dans le jeu ?
B : De mon côté je buildais avec mes cartes disponibles et à moindre frais, ce qui explique mon attrait pour le format Peasant bien des années plus tard, ainsi que mes idées de build parfois fantasques. De son côté, il se mit rapidement aux decks optimisés, ce qui m'apprit à perdre souvent, mais aussi à essayer quoiqu'il arrive de renverser une situation (comme blaster T3 un avatar du malheur réanimé et une horreur cachée en espérant gagner avec mes 2 gobelins enragés).
Pour nos premières parties, nous classions les cartes pour favoriser nos "combos". Toujours mettre l'avatar du malheur au-dessus de l'amulette vif-argent dans un deck rouge. (sourire)
Lui (reanimator)
Moi (deck rouge avec silver bullet)
Après de nombreux échanges de cartes, j'ai fini par monter un deck Burn optimisé et j'ai commencé à agréger mes cartes bleues :
Thieving Magpie
Snap
Daze
Spiketail Drake
Spiketail Hatchling
Rhystic Study
Morphling
Gush
Foil
Opposition
Counterspell
C'est à partir de là que mes adversaires se mirent à alterner des regards amusés lors du lancement de leur spoiler en payant 1 pour Rhystic Study, 1 pour spiketail hatchling et 1 pour la première Daze, et des regards atterrés lorsque je finissais par contrer avec une 2° daze. Et avant de vous dire que ce deck était vraiment tout pourri, n'oubliez pas que cet archétype a aussi perfé en Peasant !
Et puis un jour mon pote décida de jouer Stase. Et là, j'appris à attendre le bon moment pour caser mon contre, même à 5h du matin après une nuit non stop de parties verrouillées à poser une île et à déclarer ma fin de tour.
Pendant cette période, mes cartes préférées étaient les blasts, Morphelin et Line Sivvi.
Pour mon premier tournoi important (un tournoi Legacy de 100 personnes à Paris), j'optimisais mon deck Rebelles avec quelques prêts et parti à l'aventure avec quelque chose comme ça : https://www.magic-ville.com/fr/decks/showdeck?ref=1065888
Je me souviens de cette ronde vs White soldier qui se met full tap pour jouer le léthal le tour suivant alors qu'il pouvait rendre ses soldats indestructibles et qui me dit désabusé en me voyant jouer Wrath of Gods : "Tu joues aggro et tu joues des wraths...". Et moi qui lui répond : "Evidemment. Avec les rebelles je peux repartir". Je n'ai pas fini dernier et c'était déjà un bon résultat en soi avec mon troll deck.
Et puis ce furent les études, les déménagements, mon premier boulot et les enfants qui m'ont éloigné quelques années de Magic.
Mais une addiction est tenace et je repris peu à peu Magic à Chalon-sur-Saône, d'abord avec des drafts et des avant-premières, puis avec des soirées "Bières et carton". Je suis même allé jusqu'à faire mon premier et seul GP à Amsterdam. Un format Scellé par équipe de 3 dans lequel vous deviez builder 3 decks avec le même pool de cartes avant d'affronter une équipe adverse en 3 matchs individuels simultanés sur la même table. J'ai adoré ce format et je rêve secrètement de le transposer un jour en side event à la CDF. Par contre, j'ai aussi "gouté" au côté compétitif des GP dans lequel je ne me suis pas du tout retrouvé (une partie sur 2 commençait par un call judge "factice" pour mettre la pression à l'adversaire).
Puis, ZeBigCoconut, armé de sa force de persuasion, m'amena petit à petit au format Peasant. Ma première participation à une CDF en compagnie de Zebig et Papaours à Lyon m'a définitivement converti. En plus du format, la convivialité de la communauté et la virée annuelle entre papas m'ont vraiment séduit.
Au fil des années, coaché par Zebig, j'améliorais mes résultats à la CDF jusqu'à cette fameuse année 2022 où je décrochais le titre après une folle journée :
CDF 2016 : UG Infect (3W/4L/0D)
CDF 2017 : Infect (4W/3L/0D)
CDF 2018 : Burn (4W/3L/0D)
CDF 2019 : U Faeries (4W/2L/1D)
CDF 2021 : Jeskai Affinity (Top 8) & Top 4 au side event avec Infect
Peasant Magic - Report CDF 2021 - Jeskai Affinity (google.com)
Peasant Magic - Report CDF 2021 - Infect (google.com)
CDF 2022 : UB Faeries (Champion de France)
Peasant Magic - Report CDF 2022 - UB Faeries (google.com)
Je me souviens encore de mon arrivée au restaurant (lessivé après 10 rondes, mais très fier de mon parcours), de l'ovation des communautés chalonnaises et online, et de cette succulente truffade ! Encore merci à tous pour ces moments.
La suite ? Chalon reprenait l'organisation de la CDF en 2023 et tenta de conserver le titre sur ses terres. Pour ma part je m'arrêtais cette fois aux portes du top 8 (14° avec UW glitters) mais l'équipe chalonnaise obtint d'excellents résultats (1 top 8, 2 top 4 et 1 finaliste) et manqua de peu le doublé.
A : As-tu d'autres choses importantes à dire ?
B : Je pense avoir dit tout ce qui étme semblait important.
A : Ce que je veux dire, as-tu d'autres sujets que tu aimerais aborder ?
B : Comme ça ce n'est pas une question facile, je ne sais pas.
A : Je vois deux trucs qui ont l'air intéressants : tu as été champion de France et tu organises cette année la CDF.
B : On peut faire les deux !
A : Du coup l'expérience 2022 ?
B : Que veux-tu savoir ?
A : T'as fait un report. Est-ce qu'il y avait d'autres choses à côté, sur la préparation, ta vision du méta qu'il serait intéressant de rapporter ?
https://www.peasant-magic.com/articles/reports/report-cdf-2022-ub-faeries
B : En terme de préparation, je me suis beaucoup investi dans les onlines. En 2020, l'année où je débutais sur cockatrice, j'étais 15ème. Les deux années suivantes je fais les masters. Donc je baignais dans la méta. Le online c'est là où on affronte le plus de decks différents. Je me force aussi à jouer des decks différents, quitte à ce qu'ils soient sous-optis. Ça permet d'apporter d'autres solutions in-game car tu as fait face à beaucoup de situations. De plus, et c'est important, c'était l'année où le Pez était le plus populaire à Chalon. On a tous progressé. L'aboutissement était sûrement en 2023 où on fait 4 Top8. Je cherchais toujours à faire mieux. Je pensais être au max en faisant Top8 en 2021 mais l'année suivante je gagne la finale. Pourtant le matin j'ai dit : "aujourd'hui je drop, je ne le sens pas". Et finalement, ronde après ronde, ça se passait bien, je restais dans ma bulle, je m'aérais, je m'alimentais pour tenir toute la journée. Pour garder sa concentration il faut gérer ses émotions mais aussi penser à la fatigue.
La petite anecdote sympa : mon adversaire en finale est le champion de France en titre. La veille je jouais contre lui avec un super mono-U terror de ma composition (troll deck) où on voyait mes delvers à travers mes pochettes. Il m'a pris pour un débutant. Le jour J, alors que j'en suis à 5/0/0, je l'affronte à nouveau et il me déchire. Il joue UB delver et moi UB faerie. Il sait jouer tempo et le garder. Dans ses mains Daze est mieux que Force of Will. Je sens que j'aurais du tenter un plan Fées plus agressif plutôt que ma sortie contrôle trop gourmande en mana. À la fin de la ronde, il m'a même expliqué comment j'aurais pu mieux jouer contre lui. Ça m'a fait rire de le voir en finale ! Ce qui m'a moins fait rire ce sont mes mains. J'ai mull 5 sur les trois parties. Je mulligan agressif pour trouver mes plans aggro Fées. J'ai eu de la chance, mais il en faut aussi pour gagner une CDF. Aux pairings notamment : j'aurais du affronter un autre chalonnais en miroir, avec une liste censée battre la mienne, mais il s'agissait d'une erreur et les pairings ont été relancés. Je me suis dit : "c'est ma journée". Ma dernière ronde c'est contre Tron, le Mu était mauvais mais il avait intérêt à faire Draw pour s'assurer le toss. Il ne faut pas perdre ta place en Top8 alors que tu es qualifié. On a fait draw et heureusement je ne l'affronte pas en Top8. Avant mon premier Top8, je n'aurai pas su quoi faire : draw or not draw, that is the question ! La Team Chalon m'avait bien conseillé en 2021. C'est encore plus dur de gagner une CDF la première fois. La moindre petite erreur peut faire une grosse différence. Le fait d'avoir fait draw m'a permis de beaucoup scooter : je connaissais ce que jouaient mes adversaires. Et tout au long de la journée j'ai eu le soutien des copains : se sentir soutenu c'est cool.
A : Tu passes de champion de France à orga, ou peut-être les deux. Qu'est-ce qu'il y a de particulier à organiser cet événement ?
B : Qu'est-ce qu'on peut dire sur l'orga ? Ce qui nous a motivé c'est faire perdurer la CDF. Clermont arrêtait, on ne voulait pas que ça s'arrête : c'est la vitrine du format. Il faut qu'il y ait le plus de joueurs possible et que ça ne s'arrête pas. C'était l'occasion, d'avoir gagner le titre l'année d'avant. On s'est lancés.
A : D'un point de vue pratique, des difficultés ?
B : Le plus dur c'était de trouver la salle, ce n'est pas si évident que ça. Il faut qu'elle soit sympa, accessible, et pas trop chère ! On a beaucoup travaillé sur la pérennisation de l'orga, pour éviter notamment que ça ne repose trop sur une seule personne. Si on refait la CDF l'année prochaine, ce sera rodé. Ensuite, quand tu t'investis autant, tu as envie que les gens s'amusent, et aussi que ce soit un succès. La salle permet d'accueillir 100 personnes, on n'en est pas là, mais ce serait bien d'arriver un jour à se poser la question : "est-ce que la salle est assez grande ?". A titre perso, je me pose aussi la question d'un Side Event DC : nous avons une grosse communauté près de chez nous. Mais pour l'instant, l'important c'est la CDF 2024.
A : As-tu d'autres projets, magiquement parlant ?
B : Mon prochain challenge ? Faire perfer Wall ? (rires).
Écrit par Andriana & BladeLF